A l’aune du gigantesque succès surprise et mondial de « Star Wars » en 1977, chaque grosse major se devait forcément d’avoir « son » film de science fiction spectaculaire, qui répondrait aux attentes d’un public conquis par cette thématique dans le vent. L’espace faisait rêver et on souhaitait voir autre chose que juste des vaisseaux avançant mollement dans l’infini…
Tout devenait dès lors possible avec les effets spéciaux et on pouvait imaginer ainsi toutes sortes d’histoires avec comme décor un fond étoilé. « Alien, Le 8ème Passager » et « Star Treck, Le Film » furent donc les suivants sur cette liste opportuniste et propulsèrent par leur succès le genre comme nouvelle tendance lourde du Blockbuster.
1979… En voulant surfer également sur la vague Space Opera et espérer ainsi une part du gâteau, Disney s’engouffre à son tour dans la brèche pour monter « The Black Hole ». La firme de Mickey dépense alors sans compter et s’embarque dans une histoire pseudo-religieuse à grand renfort d’effets spéciaux, de décors immenses et d’acteurs chevronnés, mais sur le déclin et utilisés à contre-emploi.
Malgré tout ce qui aurait pu laisser espérer le meilleur, des éléments connotés SF à la superbe musique de John Barry, en passant par la direction artistique assez originale, le Sygnus, ce vaisseau spatial géant, croisement entre Eiffel et le Nostromo d’Alien, le look général du film, sombre à souhait, Elisabéthain, rétro-futuriste et des idées assez folles et marquantes, « The Black Hole » est un désastre artistique sur toute la ligne, suivi d’un bide retentissant au box office mondial.
Tout y est mou, mal dirigé, filmé comme un épisode de Derrick, avec des acteurs peu motivés par ce qu’ils doivent produire à l’écran. Revoir aujourd’hui ce film relève du coup de l’ascendant de sympathie…
« The Black Hole » reste désespérément ennuyeux, avec ses dialogues lénifiants et un manque cruel de rythme, de ressort dramatique, cumulant tout ce qu’il ne faut surtout pas faire pour un film de ce genre, mais s’en dégage tout de même un doux parfum de bizarrerie, sans doute lié à la qualité apportée à ses décors inspirés de cathédrales, au grand robot rouge lévitant avec ses bras qui se transforment en hélices meurtrières, aux robots zombies ou aux pupitres d’ordinateurs qu’on croirait dessinés par Bernard Buffet…
Ce film est comme le grand vaisseau de l’intrigue, un corps massif à la dérive, fantomatique, avec des reflets luisants laissant deviner quelque chose de beaucoup plus beau et d’infini…
Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images