Il y a vingt ans, sortait l’album « Boulevard » de St Germain. On remonte donc à 1995, lorsque le paysage musical français n’était pas tout à fait ce qu’il est aujourd’hui. La production de groove nécessaire à l’épanouissement et au bien-être ne vous était pas livrée à domicile, ne déferlait pas de toutes parts, directement vers l’ordinateur ou le lecteur mp3… Non, le bon son, il fallait aller le chercher, et les sources d’approvisionnement n’étaient pas légion. Quelques radios, Radio Nova, Radio FG, les clubs parisiens, le Rex Club ou le Queen…
En 1995, Ludovic Navarre est déjà dans le circuit depuis quelques années, sous divers pseudos ou sous son propre nom de scène, St Germain, seul ou dans le cadre de collaborations avec quelques autres précurseurs de cette scène électronique française naissante, tels que Guy Rabiller ou Shazz. Oui, car le monsieur était déjà discret à l’époque, et il continuera à l’être, malgré le succès énorme de « Boulevard », et une reconnaissance internationale qui fera de St Germain une des références majeures de la house music.
Loin de moi l’intention de reprendre un concept quelque peu éculé, mais si je devais emporter cinq disques sur une île déserte, « Boulevard » en ferait définitivement partie. Cet album, élu d’ailleurs meilleur album de l’année 1995 par la presse anglaise, sorti sur le label français F Communications, fait magnifiquement le lien entre le son house de Chicago et la soul, le jazz, le dub, ou encore le hip-hop. Et pour cause, « Boulevard », ce sont des machines et des samples, certes, mais surtout des musiciens.
C’est probablement pour cette raison que St Germain signera en 2001 son deuxième album studio, « Tourist », sur le prestigieux label Blue Note Records, poussant plus loin encore cette synthèse entre électro et jazz, suivi en 2003 par son dernier projet en date, « Memento », signé sous le pseudo Soel chez Warner Jazz France, en collaboration avec le trompettiste Pascal Ohse. Et depuis… Plus rien. St Germain a disparu des écrans radar… Et nous restons là, errant tels des âmes en peine, à la recherche du moindre signe de sa part…
A redécouvrir absolument…