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Dans la série « Hubert a des putains de problèmes dans la vie… »

 

Aujourd’hui, penchons-nous sur ces deux nouvelles expressions qui désormais encombrent sans cesse le champ lexical restreint de bon nombre de nos contemporains. S’ils s’expriment dans la langue de Molière, bien-sûr… Deux expressions qui d’ailleurs, au passage, ne peuvent pas trouver leur équivalent dans une autre langue, puisqu’elles ne sont absolument pas françaises. Tel est le contexte dans lequel elles sont généralement formulées. Ajoutons à cela le fait qu’elles ne veulent rien dire du tout, et ne font finalement que souligner une certaine vacuité, un manque total de personnalité de la part de celles et ceux qui s’expriment de la sorte.

Ces deux sottes expressions sont donc :

A – être sur quelque chose…

et

B – partir sur…

 

Exemple…

Dans un contexte défini, ça peut donner : « Alors là, on est sur une vraie bonne nouvelle… »

et

« Alors là, on peut partir sur un gris chiné… »

 

Ces deux niaises formulations sont ainsi refourguées à toutes les sauces, sur tout et n’importe quoi. Ceux qui les emploient souhaitent sûrement donner une intention précise, presque technique, souligner un fait, une évidence qu’on ne pourra plus jamais remettre en cause après.

On avait commencé à entendre ces deux crétines articulations syntaxiques tout d’abord dans des émissions culinaires. Vous savez, ces émissions où l’on voit des gens habillés en cuisinier hyper anxieux, en train de découper une tomate avec leur visage à un centimètre du légume de la famille des solanacées, avec cette précision que seuls possèdent les chirurgiens de l’œil.

Et là, en commentaire annexe à la démonstration, le chirurgien oculaire, qui se trouve être en l’espèce découpeur de tomates en rondelles, balance avec un sérieux pédagogique et une prestance d’universitaire : « On va partir sur une déclinaison de tomate mozzarella avec du gourmand, du croquant… ». Et pour finir, en conclusion de sa démonstration dingue : « Et là, on est vraiment sur une note fraiche et estivale… Et ça, ça fait du bieng… »

Vous noterez qu’au passage, quelques autres mots assez insupportables en ont profité pour se glisser dans ces saillies photocopiées et crispantes.

Gourmand

Croquant

Cette expression immonde, « Et ça, ça fait du bien », ayant supplanté une autre plus usitée au début des années 2000, prononcée partout dans les émissions de télé, sur les radios, et tout aussi ignoble : « C’est que du bonheur ! ». Si vous entendez encore aujourd’hui, en 2017, quelqu’un dire dans votre entourage, au travail, dans le métro, dans les WC, « C’est que du bonheur ! », alors vous avez le droit de le gifler.

Pour revenir précisément à :

A – Partir sur…

et

B – On est sur…

Des serveurs zélés mais définitivement cons se sentent aujourd’hui obligés, pensant que c’est le comble du chic, de la classe ou du swag, de prononcer à tour de bras le A et le B en toute désinvolture à la façon de Lord Brett Sinclair. Ils peuvent tout à fait vous les balancer si vous leur demandez un conseil sur le vin : « Alors là, on est sur une note de fruit rouge avec un peu d’épice »…

C’est à dire qu’on y est vraiment, là. On est dans le fruit avec le serveur. On est là avec lui et qu’est ce que c’est beau, putain ! C’est beau un fruit dedans, en fait.

Peut-être un conseil sur la blanquette ? « Si je puis me permettre, vous pourriez plutôt partir sur le plat du jour »… Oui, on part avec le serveur vers le plat du jour, la main dans la main. On part, c’est chouette, c’est chaud. Le plat du jour comme un couché de soleil.

Mais ne blâmons pas trop nos amis de la restauration, car dans le milieu de la viennoiserie, de la parfumerie, de la banque même, on n’est pas non plus en reste : « Bon ben là, on est sur un vrai beau découvert et on va partir sur une belle interdiction bancaire ». Vous noterez d’ailleurs que le banquier a quant à lui fait une doublette, soit les deux expressions dans une même phrase et ça, ça n’a pas de prix.

Merci qui ?

 

 

Pour aller plus loin

 Dévoreur Hubertouzot

 Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

 

 

 

    Photographe, auteur, poète et machine à remonter le temps, avec une cape de mousquetaire toujours portée un peu de biais.

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