Nous avons lu beaucoup de papiers, vu d’innombrables images, entendu de terribles confessions, semblant vouloir étayer toujours un peu plus les théories sur la pédophilie présumée de Michael Jackson. D’abord en 1993 puis en 2005…
Et puis ce documentaire sorti cette année, « Leaving Neverland », diffusé dans un premier temps sur HBO aux Etats-Unis et plus récemment chez nous sur M6, devait être un électrochoc pour enfin nous faire comprendre et admettre qui était vraiment Michael Jackson et ce qui se cachait de si abject derrière ce masque doux et souriant…
Nul besoin, donc, de revenir en détail sur les agissements supposés du Roi de la Pop et sur ce qu’il aurait fait endurer à ses victimes. Rien ne nous est d’ailleurs épargné dans le film de Dan Reed, pour appuyer là où ça fait mal et ne laisser aucun doute sur sa culpabilité, mais il faut tout de même quatre heures au réalisateur pour marteler « cette vérité » et pour qu’elle finisse par rentrer de force dans les esprits. Lavage de cerveaux ?
Ce film entièrement à charge a cependant pleinement rempli sa fonction et dans l’attente d’un éventuel nouveau procès, en tout cas déjà gagné son pari. A savoir dégoûter, révulser et choquer. A tel point que des stations de radio, voire même des pays entiers, ont préféré boycotter l’œuvre du chanteur.
Hystérie collective ? Ça y ressemble, en tout cas… Nous sommes habitués maintenant à ce genre de réactions de la part de foules à la versatilité terrifiante, dont le choix s’arrête sur un individu jadis encore sanctifié, pour le voir du jour au lendemain dégringoler de son piédestal, être inculpé puis condamné et finir sacrifié sur l’autel de la bonne conscience, afin d’espérer peut-être en échange une meilleure récolte, des pommiers en fleurs ou juste… quelques dollars. Mais dormez tranquilles, braves gens…
Car ce qui se joue ici, c’est tenter ainsi, d’un simple claquement de doigt, d’effacer des cerveaux et de la surface de la terre quarante ans de chansons et de tubes ; c’est faire en sorte de gommer de la mémoire collective celui qui nous fit dresser les poils le fameux soir des Grammys Awards en 1984, lorsqu’il fit pour la première fois une démonstration du fameux Moonwalk sur son hit planétaire « Billie Jean »… La ficelle est un peu grosse, non ?
Mais il semblerait bien que cette fois, l’entreprise générale de démolition des icônes, en l’espèce du chanteur originaire de la petite ville de Gary dans l’Indiana, fasse piteusement « Sploutch »… Et ce révisionnisme n’a d’ailleurs pas l’air de vouloir vraiment prendre en France.
A peine quelques semaines après la diffusion de « Leaving Neverland » que déjà l’édifice se fissure. Dan Reed admet finalement que l’un des deux intervenants aurait menti dans ses allégations. Dates, lieux et événements ne coïncideraient pas. La malveillance et l’appât du gain sont hélas bien meilleurs conseillers que la vérité et l’honnêteté.
Michael Jackson, quant à lui, est sans doute mort deux fois. Il avait déjà un genou à terre en 1993, lorsque les parents de l’un de ses protégés l’avait accusé. Le procès en 2005, dont il sortira pourtant « blanchi », aura malgré tout achevé de le détruire de l’intérieur. Et plus rien ne sera jamais comme avant… Planera ensuite continuellement une brise de suspicion au-dessus de sa tête et les regards ne seront plus les mêmes.
Mais alors, où sont donc les films, les dvd, les documents, les photos, toutes ces preuves qui attesteraient que l’ancien chanteur de la Motown avait bel et bien le visage de l’ogre qu’on lui prête ? Michael Jackson, ce Peter Pan, cet E.T parvenu à s’extraire de la fange et de la crasse originelle, aura fini par être rattrapé, englouti et digéré. Décidément, les gens hors norme, qui ne rentrent pas dans les cases, ont la vie dure ici bas.
Sa place n’était pas faite pour vivre parmi nous. Reste à lui souhaiter un bon retour à Neverland…