Né en Californie en 1944, Michael Heizer a enseigné l’anthropologie à l’Université de Berkeley pendant 30 ans et publié plusieurs livres, notamment sur la naissance de la culture américaine de l’Ouest.
En 1967, à l’âge de 23 ans, il participe à la création d’un nouvel art : le « Land Art ». Il s’agit d’une tendance de l’art contemporain utilisant les matériaux de la nature. C’est dans les paysages désertiques de l’Ouest américain qu’apparaissent les premières œuvres à la fin des années 60. Chez Michael Heizer, il faut plutôt parler de « Earth Art ». Lui-même écrit : « Je pense que la Terre est le matériau ayant le plus fort potentiel car elle est à l’origine de tout matériau ».
Les œuvres de Michael Heizer sont gigantesques. Celle qui fit sa notoriété, en 1969, « Double Negative », dans le Nevada, lui apporta une reconnaissance internationale. Elle est la propriété du Musée d’Art Contemporain de Los Angeles. Il s’agit d’une tranchée dans la terre de 10 mètres de largeur sur 15 mètres de profondeur et 457 mètres de long, ayant nécessité le déplacement de 244 000 tonnes de roche. La double tranchée symbolise le « négatif », c’est-à dire ce « qui n’est pas présent », donc ce qui a été enlevé, déplacé, à savoir les roches de grès manquantes.
« Je pense que la Terre est le matériau ayant le plus fort potentiel car elle est à l’origine de tout matériau »
Or, en Californie où travailla Heizer, il y a une zone géologique de 440 000 km² appelée « Basin and Range ». Il s’agit d’une succession de petites chaînes de montagnes parallèles séparées par des bassins au fond plat. On y trouve des déserts et des écorégions, du pétrole, de l’or, de l’argent et du cuivre. Mais surtout, c’est là que des projets de construction de lignes ferroviaires destinées à transporter des déchets nucléaires pour enfouissement menacent une sculpture de Heizer (merci monsieur Bush). L’oeuvre dont il est question, c’est « City » (un temps appelée « Complex city »), une sculpture longue de 1,5 km et considérée comme étant la plus vaste du monde.
Digne d’un décor de Star Wars, elle fut le projet d’une vie pour Michael Heizer. Il s’agit d’une sculpture monumentale en terre, inspirée de l’architecture précolombienne et construite sur un terrain qu’il a acheté : 800 hectares dans Garden Valley, désert du Nevada. Habitant dans une caravane, puis dans un ranch construit à proximité, l’artiste, qui pensait n’en avoir que pour quelques années, mettra 40 ans pour en venir à bout avec un budget de 23 millions de dollars.
Pour sauver cette œuvre, les Musées américains comme le MoMA de New-York ou le LACMA de Los-Angeles se battent en faisant campagne sur le net.
Actuellement, et ce depuis 2004, tous les déchets nucléaires du pays convergent vers le Nevada. Défendre ce cadre naturel unique et cette sculpture incroyable, c’est défendre la jeunesse, l’artiste et celle des générations futures. L’Art est une chance, un outil d’éducation. Il peut aussi devenir une arme symbolique de défense de l’environnement.