Enfin un film français dans notre chronique « Ciné Cinéma »…
« Les Héritiers » ne nous vient pas de l’élite intellectuelle avant-gardiste, mais de la banlieue de Créteil. Le film s’ouvre, avant même le générique, sur une scène forte au cours de laquelle se pose le problème du foulard au sein de l’école laïque. Le ton est donné. Le voile, la casquette, le smartphone, les écouteurs sur les oreilles, les manteaux, sont autant de sujets quotidiens de querelle au sein de la classe, entre élèves et professeurs. Auxquels il faut ajouter le vernis à ongle, les retards, les bagarres et autres insultes…
On admire ces professeurs qui, chaque jour, tentent tant bien que mal de faire cours dans une telle ambiance. Face aux insolences, aux absences injustifiées, au décrochage scolaire, l’administration sort ses armes : l’exclusion temporaire, les heures de retenue et les avertissements pour mauvaise conduite. Parfois cela ne suffit pas, et on assiste à cette scène dramatique où les élèves poussent à bout, à en avoir mal pour elle, une jeune remplaçante à coups de cris « vas-y, pleure ! ». Ces professeurs sont des héros des temps modernes.
Là où la plupart déversent leur frustration bien compréhensible en conseil de classe, d’autres tentent d’allumer une petite lumière d’espoir, avec une arme redoutablement efficace : la bienveillance. Féliciter, encourager, croire : qui a dit qu’on finit par devenir l’image qu’on nous renvoie de nous-même ? Si celle-ci est positive, alors on en est tellement reconnaissant qu’on fera tout pour ne pas décevoir. C’est ce qui arrive à cette classe maudite qui bat tous les records d’indiscipline et d’incivilités. Dans ce contexte, un professeur leur propose de croire en eux et de reprendre confiance. Le miracle se produit.
Ahmed Dramé, ancien élève cancre de 2nde au lycée de Créteil, est aujourd’hui acteur et scénariste. Félicitations.
https://vimeo.com/118944968