Gett, Le Procès de Vivian Ansalem (Drame judiciaire, 2014) de Shlomi et Ronit Elkabetz
Top 10 de 2014 des meilleurs films étrangers (Awards)
Une femme dans une salle vide et spartiate qui s’avère être une salle d’audience. Face à elle, trois juges religieux. Et à côté d’elle, deux hommes : l’un est son avocat, l’autre le mari dont elle aimerait divorcer.
C’est tout ? Ca peut sembler bien peu, mais au contraire. Ce huis clos, presque entièrement tourné dans cette pièce vide, concentre notre attention sur les personnages : l’objectif pour Viviane, obtenir le divorce. Pourquoi ? Comment en est-elle arrivée là ? Que s’est-il passé ? Nous le découvrons par bribes au fur et à mesure du film et des témoignages à la barre de proches : famille, voisins ou rabbin.
Le suspense (Va-t-il accepter ? Va-t-elle réussir à obtenir sa signature ?) nous tient en haleine. Il ne se passe pas grand chose en termes d’action, hormis quelques rebondissements, et pourtant on ne s’ennuie pas une seule seconde. Car au-delà de Viviane, il y a la condition des femmes dans certains pays, le poids de la religion sur leur vie quotidienne, la pression sociale de la famille, le carcan de l’honneur à tout prix et l’ingérence dans la vie privée des femmes jusque dans leur sexualité.
L’interrogatoire des juges tourne à l’inquisition, à la limite de l’aberration, voire du burlesque. Encore aujourd’hui, il n’y a pas de mariage civil en Israël : l’union de deux amoureux se fait exclusivement au sein de la religion. De fait, la loi religieuse prive les femmes du droit au divorce, les enfermant dans une sorte de prison à perpétuité, car tant que le mari refuse le divorce, celui-ci ne peut pas être prononcé.
« Gett » est le troisième film d’une trilogie : « Prendre Femme » en 2004 et « Les Sept Jours » en 2008.