Le Printemps de Bourges est un festival où tous les genres musicaux sont à l’honneur. Organisé chaque année au mois d’avril, il dure une petite semaine et investit le centre-ville de Bourges. En 1977, Alain Meilland et Daniel Colling, comédien et chanteur, s’associent à l’ancien collaborateur de Léo Ferré, Maurice Frot. Ensemble, ils créent Le Printemps de Bourges.
Présenter les nouveautés, mêler les artistes célèbres aux jeunes talents, mixer les différents styles de musique et multiplier les concerts dans la ville, autant de richesses qui définissent la grandeur de ce festival. En 1990, le succès est enfin au rendez-vous et la barre des 100.000 spectateurs est dépassée. Environ 80 spectacles sont présentés et 200 artistes sont attendus. Ils sont accueillis dans de multiples salles telles que les théâtres ou l’auditorium, mais se savourent aussi en plein air ! Pour l’occasion, des scènes de concert sont montées en extérieur.
Le Printemps de Bourges est un festival audacieux, n’hésitant pas à mettre en avant les nouveaux chanteurs et les jeunes talents. Des artistes de rue sont conviés à exposer leur passion au grand jour. Des concerts sont joués dans la cathédrale et dès le début de l’après-midi, les vibrations et la musique atteignent le centre de Bourges, pour franchir la porte des bars de la ville ! Cette année, Mika, LEJ et Marina Kaye lançaient le début des festivités. Au total, pas de moins de 240.000 festivaliers sont attendus. Des dizaines de concerts sont prévus chaque jour, et de talentueux artistes s’apprêtent à donner de la voix.
En écoutant les reportages consacrés au premier Printemps de Bourges en 1977, on mesure le chemin parcouru par un festival largement dépolitisé. Retour donc il y a quasiment 39 ans jour pour jour. À Bourges, s’ouvre le 6 avril 1977 le premier Printemps du même nom. FR3 Orléans s’en fait évidemment l’écho :
« Les festivaliers ? Des marginaux qui se proclament comme tels. Mais le Printemps de Bourges, ce sont aussi des mélomanes qui se réunissent en ateliers, vont discuter à perte de vue, certains diront à perte de temps, sur le devenir de la chanson, de la société, des hommes et des choses. »
C’est un peu là l’esprit de ce premier Printemps de Bourges, même si Daniel Colling a aussi trouvé un bon moyen de faire connaître des jeunes artistes dont il s’occupe… Là, à la fin des années 1970, on brocarde la chanson qui marche, celle qui passe à la télévision, la chanson dite bourgeoise, on vante la chanson dite prolétaire, même si quelques têtes d’affiche sont bel et bien présentes à Bourges, à l’image du grand Charles Trenet, sous le grand chapiteau dès la première édition. Il est introduit par un chanteur de la nouvelle génération, Jacques Higelin. Comment le public va-t-il accueillir Trenet ? Le risque est grand. Higelin interpelle un spectateur qui siffle par ces mots :
« Siffle… Quand tu siffles, tu salues Charles Trenet, car Charles Trenet est le serviteur des oiseaux. »
Et Trenet triomphera… Deux ans plus tard, en 1979, pour sa 3ème édition, le Printemps accueille 40.000 festivaliers, trois fois plus que la première édition. Mais le credo reste le même : faire la part belle à l’autre chanson. Alain Souchon, qui chante à Bourges cette année-là, défend le Printemps avec Daniel Colling son programmateur.
Alain Souchon : « Je vois des disques qui sortent, que j’écoute et tout, et souvent je me dis que ça devrait marcher et souvent ça ne marche pas… Bon alors c’est un bien, un truc comme Bourges parce qu’on entend tous ces gens-là. »
Journaliste : « Ça ne marche pas, peut-être parce que tout n’est pas de qualité égale… »
Alain Souchon : « Oui mais y’a tellement de trucs qui marchent qui ne sont pas de bonne qualité… »
Journaliste : « Je vous trouve un petit peu dur pour une partie du métier, de la chanson. Vous excluez complètement une certaine forme de chansons. Alors, quels sont vos critères pour exclure des chanteurs populaires ? »
Daniel Colling : « C’est un critère de qualité. C’est extrêmement difficile à définir. Je vous ai dit tout à l’heure que la programmation était subjective… »
Au début des années 1980, Jack Lang décide de subventionner un festival qui devient de plus en plus le lieu incontournable de la chanson française, et désormais de toutes les chansons françaises. En 1985, Johnny Hallyday y triomphe. Absolument inimaginable en 1977…
Thomas Snégaroff @ France Info
Le Printemps de Bourges 2016 : Le Programme