On dirait que le syndrome du « film qui fait du bien » a encore frappé avec « Le Grand Bain » et que quatre millions de spectateurs ont pris ce sophisme pour une recommandation médicale, un mantra…
A l’instar du film « Intouchables » sorti il y a quelques années et estampillé lui aussi dans cette catégorie désormais approuvée par un inconscient collectif de la même famille que celle des ovins, cette catégorie elle-même intouchable des « Feel Good Movies », « Le Grand Bain », autant plébiscité par le public que la critique, finit même nominé aux Césars… Et y fait finalement chou blanc, ne récoltant qu’un prix pour Philippe Katerine, comme une sorte de pied de nez goguenard à cette cérémonie sinistre.
Toujours est-il que l’on ne sait pas par quel miracle ou quelles fées penchées sur son berceau, Gilles Lellouche a pu décrocher ne serait-ce que la queue du Mickey avec ce premier (gros) film… Tant ce « Full Monty » à la Française tisse laborieusement une histoire chorale maintes fois racontée, et sur une durée incompréhensible de 2h15 !
2h15… Euh…
Avoir sous la main Poelvoorde, Bekhti, Anglade, Efira, Katerine, Amalric et son copain Canet pour faire un premier film, évidemment, cela donne des ailes. Mais dans le cas du Grand Bain, trop d’acteurs connus finissent par tuer les acteurs connus. Gilles Lellouche se sent alors obligé de nous gratifier du parcours de chacun de ses protagonistes, sans se demander s’il y a pertinence ou non et un intérêt strict pour le récit principal en cours.
Le film en l’état se conçoit d’avantage comme une suite de sketches, à la manière de l’émission belge « Strip-Tease », avec comme fil rouge la natation synchronisée, qui semble être plus un prétexte qu’autre chose, et qui est finalement plutôt mis de côté…
Alors, les gentils défenseurs cinéphiles du film vous expliqueront que c’est le propre des premiers films que d’être trop long… Certes. Leurs auteurs veulent tout mettre, tout placer, sans souci de trop-plein. A croire donc que dès le début de la post-production, le monteur officiel aurait été banni pour ne plus être remplacé, et pour laisser Lellouche se faire plaisir.
Bon, pour être tout à fait honnête, « Le Grand Bain » n’est pas non plus un naufrage et quelques séquences sont même plutôt réussies. Certains plans, des dialogues, des situations ou certaines audaces formelles font mouche et de belles choses parfois surgissent par surprise. On pense également à ce cinéma italien des années 60-70, avec ces personnages de losers magnifiques esquintés par le monde qui les entoure. Oui, il y a tout de même de cela dans « Le Grand Bain » et la mélancolie sonne souvent juste. Car Gilles Lellouche a des envies de cinéma, c’est évident.
Mais alors pourquoi faire si long ? Le film, au bout d’une heure trente, paraît déjà interminable. L’histoire semble se répéter, s’étaler, tout en faisant paradoxalement du surplace. On arrive à la grande scène de fin, un climax complètement téléphoné et qui ne fonctionne absolument pas.
Car le problème de ce film est qu’il ne raconte finalement pas grand chose.
« Le Grand Bain » boit la tasse et nous avec…