On nous avait pourtant prévenu, Sami Ameziane alias Le Comte de Bouderbala ne fait pas dans la dentelle, et balance sans aucune distinction de classe ou de race. Eh bien, le moins que l’on puisse dire, c’est que son spectacle au République, qui a attiré près de 900.000 spectateurs en trois ans, ne fait que nous confirmer le bien-fondé de ces mises en garde.
Tout le monde en prend pour son grade, certes, mais c’est fait avec une telle intelligence, une telle finesse, qu’on est prêt à tout lui pardonner. Car en l’espèce, il y a indubitablement du niveau. Le petit mec de Saint-Denis a fait son bonhomme de chemin, le menant du « Neuf-Trois » à un master en business school aux Etats-Unis, suivi d’une carrière de basketteur universitaire, pour finir par se frotter pendant quatre ans au monde implacable des comedy clubs new-yorkais, adoubé par Chris Rock, qu’il rencontre par hasard un soir de 2006, à Manhattan.
Le Comte de Bouderbala nous livre sa version des faits, une vision décalée et originale des grands thèmes de société qui s’appuie sur son parcours étonnant et atypique. il nous parle de ce monde dans lequel il évolue, et dont il fait partie intégrante. Et c’est ce qui rend son spectacle à ce point jubilatoire, loin d’un Stéphane Guillon qui suite à son éviction de France Inter va courir les plateaux de télé pendant une année pour expliquer au bas peuple à quel point c’est dur de se faire licencier, ou d’un Christophe Alévêque dont l’arrogance n’a d’égal que l’amertume, qui a des comptes à régler avec tout le monde, et qui se voulait probablement l’héritier de Coluche en se présentant à l’élection présidentielle de 2012, mais qui est bien loin d’en avoir le talent.
En revanche, le talent, ça n’est pas ce qui manque au Comte, rompu à l’exercice du stand-up, dont il est sans conteste l’une des figures les plus prometteuses. Il faut dire qu’il a écumé toutes les scènes ouvertes de New York, où l’on dispose d’un quart d’heure pour convaincre, ou pour disparaitre sans laisser de trace, ces « open mics » auxquels se frottera quelques années plus tard Gad Elmaleh sans y connaitre le même succès.
Alors, si vous voulez un bon conseil, courez au République et laissez-vous embarquer dans l’univers drôle, incisif et percutant du Comte de Bouderbala, avec ses anecdotes cocasses dans lesquelles vous pourrez à tout moment vous reconnaitre, même si vous n’êtes ni Chinois ni rappeur, et ses réflexions sur notre monde beaucoup plus profondes qu’elles en ont l’air.
Le Comte de Bouderbala Officiel
Le Comte de Bouderbala Interview JDD
Le Comte de Bouderbala Grand Angle