« Le crépuscule de plomb pèse sur les membres secs d’un vieillard qui se dirige vers Broadway. Quand il contourne l’étalage de Nedick, au coin de la rue, quelque chose se déclenche dans ses yeux. Poupée brisée parmi les rangées de poupées vernies, articulées, il se traîne, la tête basse, jusque dans la fournaise palpitante, jusque dans l’incandescence des chapelets de lettres lumineuses. « Je me rappelle quand tout cela était que des prairies », gronda-t-il à un petit garçon. »
John Dos Passos est né le 14 janvier 1896. Il compte parmi les géants de la littérature américaine du XXème siècle. Son œuvre est immense, comprend 42 romans, des poèmes, des essais, des pièces de théâtre. Sa trilogie « USA », dont le célèbre « Manhattan Transfer », constitue le sommet de son œuvre et de sa gloire.
« Soudain, un enchevêtrement de voix d’hommes qui l’entourent. Elle se redresse, blanche et froide, hors de toute atteinte, comme un phare. Des mains d’hommes rampent comme des insectes sur le verre incassable. Des regards d’hommes errent, voltigent tout autour, sans espoir, comme des papillons de nuit. Mais dans l’abîme intérieur, profond et sombre, quelque chose tinte comme une pompe à incendie. »
Manhattan Transfer (1925)
Traduit de l’Américain par Maurice-Edgar Coindreau
Ca peut pas faire de mal (Guillaume Gallienne sur France Inter)