La comédie grinçante de David Wnendt avec Oliver Masucci imagine le réveil du Führer, 70 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale dans le Berlin d’aujourd’hui. Une adaptation qui divise la critique.
Et si «il» revenait ? C’est avec cette idée que le romancier allemand Timur Vermes a écrit « Il est de retour ». Il ? C’est Adolf Hitler qui se réveille soixante-dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale dans un parc de Berlin, à quelques pas du mémorial de l’Holocauste. Très rapidement, il décide de reprendre du service pour remettre ce pays dans le droit chemin…
L’histoire de « Il est de retour » n’est pas à prendre au sérieux. Le monde a évidemment bien changé depuis 1945 et l’ex-führer, en décalage complet avec l’époque, devient un personnage absurde et grotesque. À moins que…
Paru en 2013, cette satire a connu un succès phénoménal : deux millions d’exemplaires. Le livre a été traduit en 41 langues. L’adaptation de David Wnendt, avec Oliver Masucci dans le rôle principal, est sortie en octobre en Allemagne. Le film promet de battre des records d’audience mais aussi de susciter quelques questions, au moment où le pays s’interroge sur l’accueil à réserver aux centaines de milliers d’étrangers qui demandent l’asile.
La critique divisée
La question n’est plus de savoir si l’on peut rire d’Adolf Hitler. Le débat a été tranché, tant que le regard demeure critique. « Le cinéma allemand peut aussi plaisanter sur lui », écrit Die Welt. « Attention, plaisanterie à moustache », avertit Der Spiegel. Si « Er ist wieder da » (« Il est de retour » en allemand) dérange par moment, c’est parce qu’il mélange fiction et réalité, à l’image de Borat, de l’humoriste Sacha Baron Cohen.
Adolf Hitler est filmé dans les rues de Berlin avec de vrais passants ou de vrais touristes qui, amusés et n’imaginant évidemment pas être en présence du « vrai Hitler », prennent des photos avec lui. Quel est le sens d’un « selfie avec Hitler ? », s’interroge Die Deutsche Welle.
L’acteur Oliver Masucci a raconté, dans une interview à Bild, son expérience d’apparaître en tant qu’Hitler dans la rue : « C’était incroyable, j’étais l’attraction ». D’autres scènes, comme celle filmée devant l’entrée du local du parti néo-nazi NPD, sont en revanche totalement mises en scène. Ce mélange déstabilise, selon les critiques allemands.
La mise en abyme se poursuit avec l’apparition d’une équipe de télévision qui voit dans cet Adolf Hitler un bon client médiatique. Elle lui offre une tribune télévisuelle. Comme si le danger, encore aujourd’hui, résidait dans le fait de ne pas prendre les idées d’extrême droite au sérieux.
Auteur : Nicolas Barotte @ Twitter