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PARTIE II

 « Les corps amoureux »

 

 

CHAPITRE VIII

Clichés

 

Le Sida 

Certains y voyaient une invention de la CIA pour mieux en découdre avec les gays indexés courant 70, comme si, d’un seul coup, il s’agissait d’une lèpre qui risquait de mettre en péril l’équilibre démographique mondial… Toutes ces personnes qui peuvent, avec leur conception personnelle de la sexualité et de la liberté de pensée, mettre à mal un modèle éducatif, libéral et judéo-chrétien, difficilement conquis au forceps au fil de mille ans d’histoire. Ou bien encore le Sida serait venu d’Afrique et plus précisément du singe vert… Mmmm…

Quoi qu’il en soit, ce syndrome d’immunodéficience acquise a tout d’abord défouraillé à tout va dans la communauté gay, qui, il faut bien l’admettre, n’était pas des plus rigoureuses avec le préservatif, puisque ce dernier était conçu à l’origine uniquement comme moyen contraceptif. Les choses vont alors quelque peu se compliquer, lorsque le sida commencera à irriter aussi les hétéros, qui ne se protégeaient guère davantage et qui pratiquaient l’abattage, comme leurs homologues gays.

Le sida est bel et bien une saloperie œcuménique…

 

Village People

Groupe américain, mais créé de toutes pièces par deux producteurs français à la fin des années 70. Ils souhaitaient ainsi surfer sur la vague disco en s’inspirant d’une imagerie très Tom of Finland (illustrateur qui détourna toute l’iconographie masculine triomphante, du cowboy au motard, en passant par le flic, le gars de chantier avec son casque jaune, etc… pour l’amener dans l’univers gay).

On découvrait alors les débuts du marketing gay. Si ce groupe en plastique a servi de la soupe jusque tard, dans le courant des 80’s, on doit lui reconnaître cependant une acceptation dans l’inconscient collectif étriqué, qui jusque-là imaginait les homosexuels blonds avec des mèches, coiffeurs de profession et se dandinant comme des canards en rut.

 

Nin-Nin-Nin

C’est une onomatopée que certain gays utilisent à profusion pour colmater une petite flemme sémantique et qui permet ainsi de faire tenir une explication à peu près debout. A noter que certains prononcent aussi « na-na-na ». Ce néologisme qui fait office de joker dans un dialogue, lorsqu’on tente une explication laborieuse et que le vocabulaire ou même la grammaire ne parviennent plus jusqu’à la langue, sans doute à cause de synapses engorgées d’eau, pourra donc se placer n’importe où, où l’on veut, sans limite et sans restriction.

Exemple : « Ouais et donc le mec me dit comme ça, ouiii, nin-nin-nin, de toute façon, c’est comme ça et pas autrement… alors moi, j’lui ai répondu direct, j’men fous, nin-nin-nin »… Bon, en gros, c’est à l’interlocuteur de combler les manques. Cela permet également de créer des récits très ouverts sur les tenants et les aboutissants. Ce « nin-nin-nin » sera plus tard récupéré par des générations de personnes dites « kaïra » qui l’utiliseront exactement comme leur homologues gays, en appuyant cette fois-ci plus sur le dernier « nin » Prononcez donc « nin-nin-nin »

 

Travesti

Petit rappel laborieux mais nécessaire, un homosexuel aime sexuellement d’autres hommes, justement parce que ce sont des hommes et non des femmes… Il souhaite donc que les autres hommes soient attirés par lui parce que c’est un homme et pas une femme. Vous me suivez ? Par conséquent, cet homosexuel ne se maquille pas, ne porte pas de robe ni de jupe (même si, dans ce cas précis, les jupes pour homme, cela peut être extrêmement viril et sexy).

Se travestir n’est donc pas une singularité propre aux gays. Ceux qui le pratiquent, pour diverses raisons, peuvent travailler chez Michou, se prostituer au Bois de Boulogne, être transsexuel, fétichiste, hétérosexuel, adorer simplement porter des habits de femmes, chaussures et maquillage, ou encore des drag-queens pour des shows. La liste est longue et varie en fonction de chaque individu, car la sexualité change en fonction de chacun et le travestissement est donc un genre en soi.

 

Le Fist-Fucking

L’action d’introduire sa main, son poing plus exactement dans le rectum de son partenaire, n’est pas en soi une pratique exclusivement réservée aux homosexuels hommes. Il est d’ailleurs à noter que ce n’est pas non plus une pratique réservée à ce seul orifice, puisque les hétérosexuels peuvent eux aussi s’en donner à coeur joie, avec le poing, le bras, voire même leur corps entier, dans le vagin de la partenaire…

P.S. : toujours prévoir quand même le pot de lubrifiant taille familiale et la truelle qui va avec…

 

Coming Out

Certains auront besoin de le dire, d’autres en seront dans l’impossibilité, en fonction du milieu, des origines ou de l’entourage de la famille (l’annoncer à des parents tchétchènes, par exemple, ça n’est pas forcément tip-top…). Pourtant, faire son coming out est sans doute la meilleure façon de s’affranchir et d’être libre de penser et d’agir par soi-même, de s’accepter et d’avancer.

Pour ce qui est du coming out « People » et de ces personnalités médiatiques et politiques qui annoncent leur homosexualité pour des raisons diverses et variées, qu’elles soient financières, stratégiques, personnelles ou autres, revêt une bien différente franchise. Il s’agira d’un positionnement non pas idéologique mais calculé et mûrement réfléchi.

Quoi qu’il en soit, cette information divulguée, comme s’il s’agissait d’un secret de l’univers enfin révélé, s’apparente très souvent à l’effet d’un pet dans l’eau. Oui, on peut y trouver un aspect positif quand il s’agit d’un rappeur, d’un footballeur ou plus généralement de tout ce qui se pare d’une image hyper-sexuée et virile, mais dans l’absolu on se rend compte que cela ne contente que les gays eux-mêmes et quelques commères avides d’infos croustillantes, dans l’unique but d’agrémenter leurs dîners en ville.

 

Sado-Masochisme

Cette image du mec barbu, crâne rasé, piercings au bout des tétons, Prince Albert au prépuce, habillé en cuir, latex – oui, c’est vrai, ça existe – et des bars leur sont même  réservés… Mais comme pour le fist fucking évoqué précédemment, cette pratique de soumission ou de domination n’est pas une exclusivité gay, et serait surtout très prisée chez les hétéros sexuels. Tous ces couples en mal d’affection ou d’effraction s’adonnent à ces délices sévères depuis longtemps, dans le cadre de jeux de représentation et de rôle fort sophistiqués. Relisez cet excellent livre de Pauline Réage « Histoire d’O » pour vous en convaincre.

 

Mode dite « Pédé » 

Ce sont tous ces vêtements taille Small, dits « Slim », T-shirts col V, petites vestes courtes étriquées, chaussures à bouts plats et pointus, que vont bientôt porter certains gays dans le courant de ces années 90, puis au début des années 2000… Oh sortilège !! Mais que s’est-il passé ? Voilà que cette mode a déteint, pour se répandre dans tous les dressings masculins, peut-être sous l’impulsion des fiancées de ces hétéros (hété-rotes) qui souhaitent voir leurs chéris habillés plus tendance… Sauf que presque vingt ans plus tard, tous les Zara, H&M ou autres marques plus prestigieuses, Sandro, Zadig & Voltaire ou The Kooples, serviront encore et toujours ce même genre de coupes et de soupes à des individus manquant cruellement de personnalité. « You’re not gorgeous, sweety darling ! »

 

Marais Poitevin, 3ème Arrondissement de Paris

Ses barques, ses crêperies, ses peintres et ses pêcheurs alignés le long des affluents de la Venise verte, mouchetant de couleur eau pastel leurs toiles, réceptacles de légendes du Poitou-Charentes, ou essayant parmi les nénuphars d’attraper ses grenouilles, ses anguilles, ses poissons d’argent… Oui, terre de contraste… Le Marais Poitevin.

Ses bars et restaurants arborant le drapeau aux couleurs de l’arc-en-ciel, mais qui ne survivront pas longtemps à la gentrification des idées et du politiquement correct… Tout sera balayé et remplacé par des boutiques branchées de design d’intérieur, de parfumeries de luxe, de fringues hors de prix, d’accessoires, de trucs et de machins kro jolis, avec tous ces riverains affichant la même expression faciale et déambulant benoîtement les dimanches, avec poussettes et cartes de crédit en mode apoplectique… Réceptacle de contentement mortifère et de lieu commun où tout se ressemble, s’entasse et s’annule… Oui le Marais, l’autre. Ce village tel que nous le connaissions encore durant cette décennie et qui s’évanouira courant des années 2000.

 

Foulard à la poche arrière de son blue Djiiinz (Hanky Code)

Longtemps, des gays utilisèrent cet accessoire pour communiquer de manière cryptée avec leurs autres homologues, en toute discrétion, aussi bien dans les lieux prévus pour des rencontres spécifiques comme partout ailleurs. Le foulard qui se portait ainsi dépassant de la poche arrière du jean devait exprimer, en fonction de sa couleur, une demande bien particulière.

Il s’agissait en l’espèce toujours d’un bandana en coton. Qu’il soit placé à gauche ou à droite du pantalon, et cela renvoyait à une information supplémentaire. Sachant qu’il pouvait y avoir jusqu’à 32 couleurs différentes et qu’il fallait aussi tenir compte de quel côté était porté le colifichet, il valait mieux se balader également avec son petit tableau des références colorimétriques, par mesure de sécurité. Au point que le morse, en comparaison, c’était de la petite bière…

Exemple : rouge pour les actifs, rose pour les passifs, vert pour un plan à plusieurs, noir pour les tendances SM, jaune pour les urophiles ou les mangeurs de spaghetti, bleu pour les fans de dauphins, gris pour le bondage, lavande pour les drag-queens, etc… Carré Hermès autour du cou, philatélie et pipe à l’eau chaude, autant de combinaisons comme autant de petits coquinous…

 

Quota Pédé

Eh bien oui, rien de tel qu’un dîner, une soirée, une fête, un mariage, un baptême ou une Bar Mitzvah réussis, si vous avez aussi invité un gay « très sympa » ! Si vous ne l’avez pas encore comme ami proche ou lointain, sachez qu’il vous faut im-pé-ra-ti-ve-ment votre gay de service… « Alors Anne-So, je te présente Paul, il est gay… mais a-do-rable ! »… ou encore « Bonjour, je suis Jean-Mathieu, je suis gay… »…

« Vraiment sympa » !

Car il est toujours de bon ton de prévoir un quota ou un échantillon représentatif et politiquement correct de la population. On avait déjà mis en place le même protocole pour l’anniversaire digne de ce nom, avec le copain « black », « beur », « asiatique » de service… Mais jamais plus de deux, hein, non sinon cela s’annule !

Dernière nouveauté aussi, l’handicapé tétraplégique ; « Alors je vous présente Michel… Il bave un peu… mais il est trop mi-gnon… ». Imaginez la chance lorsque le gay de service est arabe ou noir, sachant que le le jackpot, c’est quand il est noir, gay et handicapé… « Non mais alors là, c’est vraiment très sympa ! ». Et puis, si jamais avec un peu de chance il se trouve qu’il soit aussi séropositif, alors là  « BINGO !! ».

 

Céline Dion

Il y a plusieurs années de cela, des pages dérobées dans des dossiers ultra-top-importants de l’armée américaine avaient circulé un court moment sur le Dark Net. Celui-ci n’en était qu’à ses balbutiements et la CIA n’avait pas encore le contrôle absolu de chacun des faits et gestes des pirates informatiques qui y sévissaient. Julian Assange n’était encore qu’un adolescent boutonneux qui jouait à Space Invaders sur sa console Atari.

L’information n’avait retenu l’attention que de quelques personnes qui ont disparues depuis dans des circonstances mystérieuses, voire même ballottes. A cette époque, donc, les armées US et québécoise fricotaient ensemble et planchaient sur des expériences un peu « cheloues ». Ces documents évoquaient en fait une nouvelle arme chimique redoutable, d’abord testée sur des rats puis sur des babouins, et qui risquait de causer des dommages sans précédent sur ceux à qui elle serait destinée… Depuis, nous avons compris, mais trop tard…

Le « Cédï-ion » (nom de code) était en fait un appareil de torture sophistiqué à usage sonore (ultrason) et visuel (perte des repaires basiques tels le goût, le jugement de valeur et l’objectivité) puis saignement des yeux et des oreilles. L’appareil fut ensuite monté et intégré sur des clones cyborgs de genre féminin. Lorsque le département concerné fut fermé pour cause de budget non-alloué, les prototypes furent détruits. Vraiment ?

Non, car plusieurs parvinrent à s’échapper, avec l’aide d’un cerveau assez malade pour oser laisser en liberté de telles machines qui allaient répandre ruine et désolation autour d’elles. Depuis, le « Cédï-ion » provoque des ravages tous les jours. L’autre arme ultime évoquée, tout aussi dangereuse bien que datant de la guerre froide, fut baptisée le « Mi-Reï Ma-Tïeu » ; un droïde capable de faire exploser des têtes à une distance de deux-cents mètres, tout ça rien qu’avec ses cordes vocales bioniques. On dénombre également deux autres modèles, le « Mar-ïa Ka-Ré » et plus récemment la fameuse « A-Del ».

 

 

Pour aller plus loin

Hubert Touzot : « La Pudeur » (Episode 11)

Hubert Touzot : « La Pudeur » (Episode 12)

Hubert Touzot : « La Pudeur » (Episode 13)

 

 

 

    Photographe, auteur, poète et machine à remonter le temps, avec une cape de mousquetaire toujours portée un peu de biais.

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