George Martin, le producteur légendaire et mentor des Beatles, surnommé « le cinquième Beatle », est décédé le mardi 8 mars, à l’âge de 90 ans, a annoncé ce mercredi Ringo Starr. « Que Dieu bénisse George Martin, la paix et l’amour pour Judy et sa famille […] George va nous manquer », a écrit l’ex-batteur des Fab Four sur son compte Twitter, avant de publier une ancienne photo du producteur accompagné des membres du groupe.
George Martin, jeune directeur artistique de Parlophone, division de EMI, produisait du jazz et de la musique classique lorsqu’il découvrit les Beatles en 1962. Il les auditionne pour la première fois le 6 juin 1962, alors que le groupe a essuyé un refus catégorique de tous les labels de musique d’Angleterre auxquels son manager Brian Epstein a proposé ses morceaux. Le premier sentiment de Martin sur ce qu’il entend ce jour-là n’est guère engageant. Il les trouve « assez horribles ». Il décide malgré tout de les signer, Parlophone voulant rajeunir son image tout en s’ouvrant à d’autres genres musicaux que le classique ou le Jazz.
Plus que la qualité intrinsèque des premières compositions des Beatles, ce qui a attiré l’attention de George Martin, c’est leur humour, d’abord, et un fort potentiel artistique, fait d’enthousiasme, de fraîcheur, de candeur et d’insouciance. Son oreille infaillible a aussi été séduite par l’enchevêtrement des voix de Lennon et McCartney, qui constitue une originalité certaine dans le paysage du rock ‘n’ roll à l’époque, où on a plus affaire à des formations accompagnant un chanteur qu’à un groupe en tant que tel, sans leader mais avec plusieurs voix se complétant si parfaitement. Préalablement à l’enregistrement des deux premiers singles des Beatles chez Parlophone, « Love Me Do » et « Please Please Me », Martin décide d’évincer le premier batteur, Pete Best, au profit de Richard Starkey, alias Ringo Starr, qui officie alors avec Rory Storm and The Hurricanes.
Un bon ingénieur du son, c’est celui qui écoute les propositions, qui les analyse et qui passe les idées initiales des musiciens au spectre de son propre ressenti et de sa propre expérience, tout en respectant le sens premier voulu par le compositeur. George Martin impose que le tempo de « Please Please Me » soit accéléré, Et par ce simple artifice, ce qui ne devait être qu’un coup d’essai au destin assez incertain devient rapidement le premier coup de maître d’une longue série. Le single monte ainsi à la première place des charts anglais en cet automne 62.
L’accession de « Please Please Me » à la première place des charts anglais marque donc le début d’une fructueuse collaboration entre les Beatles et George Martin, qui durera sept années et produira ces chefs d’oeuvre absolus qui mèneront les Beatles du Cavern Club à Liverpool jusqu’au toit du monde. Bien-sûr, il y a le talent des Fab Four, et leurs mélodies imparables, mais c’est bien cet ingénieur du son de génie qui va façonner cette pierre brute pour en faire un diamant à la beauté incomparable.
De « Strawberry Fields Forever » à « Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band », en passant par « Eleanor Rigby », « Yesterday » ou « Penny Lane », dans les studios d’Abbey Road, l’expérimentation devient la règle, avec le grand sorcier George Martin qui accompagne la mutation des quatre garçons dans le vent, devenus en quelques années des compositeurs tant géniaux que prolixes. Il intervient en matière de composition ou d’orchestration, et c’est encore lui qui, en plus de jouer du piano, arrange trompettes, hautbois, violoncelles, swarmandal et mellotron, le tout agrémenté d’effets sonores et autres innovations technologiques.
George Martin, le cinquième Beatle… Le compositeur, producteur et arrangeur détestait ce surnom, attribué à tant d’autres, et ne voulait pas en entendre parler. « Cinquième Beatle ? C’est stupide. Je n’aurais jamais pu écrire et encore moins interpréter toutes ces chansons ».
Quand George Martin inventait le son des Beatles