« Combien de fois, sacredieu, n’ai-je pas désiré qu’on pût attaquer le soleil, en priver l’univers, ou s’en servir pour embraser le monde ? » (Les Cent vingt journées de Sodome, 1785)
A compter du 14 octobre 2014, le Musée d’Orsay consacre une exposition au Marquis de Sade, en réunissant dans ce lieu prestigieux des peintures, sculptures, objets et diverses photographies, tout en ponctuant ce parcours initiatique de citations de Sade qui viennent dialoguer avec les oeuvres exposées.
Alphonse Donatien de Sade (1740-1814) a bouleversé, sans pour autant l’avoir conceptualisé de son vivant, l’histoire de la littérature, comme plus généralement celle des arts, avant de devenir un véritable mythe après sa mort.
Le « Divin Marquis » passa le tiers de son existence enfermé, avant de mourir obèse et malade en 1814, et son oeuvre fut condamnée à la censure, la clandestinité et l’oubli, jusqu’à sa réhabilitation en 1957.
C’est finalement son patronyme qui sauvera probablement le Marquis de l’oubli éternel, après sa mort, et jusqu’à la reconnaissance ultime de son influence sur les arts que constituera la parution de ses oeuvres complètes à la Bibliothèque de la Pléiade en 1990. Quant au néologisme « sadisme », il apparait pour la première fois en 1834 dans le Dictionnaire Universel de Boiste comme « aberration épouvantable de la débauche : système monstrueux et antisocial qui révolte la nature ».
De « Justine » aux « Cent-vingt journées de Sodome », l’oeuvre de Sade met en exergue une liberté et une audace sans doute jamais atteintes par aucun autre auteur, des fantasmes vécus jusqu’aux limites, un style énergique et puissant, et bien entendu la beauté de la langue française, en remettant en cause de manière radicale les questions de limite, de proportion et de débordement, les notions de beauté, de laideur, de sublime, et l’image du corps. En débarrassant de manière radicale le regard de tous ses présupposés religieux, idéologiques, moraux, sociaux, Sade nous amène à nous questionner sur les raisons qui ont pu nous pousser à nous débarrasser de toutes ces thématiques pendant plus de deux siècles…
En préambule à cette exposition, David Freymond et Florent Michel nous livrent leur vision de l’écrivain, en réalisant ce clip magnifique.
En ce qui me concerne, c’est de Sade que me vient cette addiction immodérée aux bonbons à l’anis…