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Histoire de la Petite Robe Noire…

 

« 5ème Avenue, 5 heures du matin, Audrey Hepburn, Diamants sur canapé et la genèse d’un film culte » par Sam WassonSonatine Editions – 2010

Le film « Diamants sur canapé » de Blake Edwards (1961) n’aurait jamais dû voir le jour en raison de son sujet sulfureux pour l’époque. Audrey Hepburn y campe une call-girl, Holly Golightly, inspirée de la mère du romancier Truman Capote. Le scénario, rédigé par George Axelrod (« Sept ans de réflexion ») est tiré de la nouvelle éponyme « Breakfast at Tiffany’s ». A l’époque, Audrey Hepburn dans un rôle de garce généralement alloué à Bette Davis, c’est une révolution. Parce que c’était elle, soudain, vivre seule, sortir, avoir l’air sublime, boire un petit coup de trop et être célibataire ne semblait plus honteux mais amusant. Le film fut un véritable succès. Parce que c’était elle, et aussi, grâce à une certaine petite robe noire.

La costumière, Edith Head, avec huit Oscars à son actif, était une institution à la Paramount. Elle fit la connaissance d’Audrey Hepburn sur le tournage de « Vacances Romaines ». Elle avait l’habitude de tourner avec Grace Kelly, celle « qu’elle préférait habiller » car elle avait une beauté emblématique des années 1950 : « Elle avait le tour de taille idéal, les sourcils parfaitement dessinés et rentrait tout naturellement dans le moule ». Audrey, c’était une autre histoire ! Il fallait dissimuler son cou grêle derrière des foulards ou des colliers, élargir sa carrure pour mettre son visage en valeur, cacher ses bras trop frêles sous des manches, ses jambes d’échalas sous des jupes longues et sa petite poitrine en attirant le regard sur sa taille de guêpe. Sans parler de ses sourcils trop épais…

Pour le film « Sabrina », en 1954, Billy Wilder avait demandé à un jeune couturier parisien de 26 ans (Audrey en avait 24), Hubert de Givenchy, de transformer la jeune fille normale de Long Island en élégante parisienne. Deux brindilles se rencontrent donc au 8 Rue Alfred de Vigny, l’une de deux mètres de haut et l’autre de 1m73, aux mensurations peu généreuses : 805580. Une robe de cocktail noire au décoletté en V dans le dos, tenue par deux petits nœuds aux épaules, transforma Audrey en icône de la mode et en muse de Givenchy.

 

 

Durant l’ère victorienne, le noir était presque exclusivement réservé au deuil. C’est la couleur qui était associée à la féminité et à la séduction : il fallait que la femme attire le regard de l’homme. Dans les années 1920, les garçonnes se glissent dans les robes-tubes de satin noir. Chanel s’empare de ce concept de modernisation et la petite robe noire se démocratise. Après le Krach boursier, elle devient le symbole de la nouvelle austérité. Et après la guerre, Dior en fait, à Paris, un signe de luxe et d’élégance. Mais dans le cinéma hollywoodien des années 1950, c’est encore la couleur qui représente l’emblème de la féminité, le noir étant réservé aux femmes vénéneuses, les vamps qui font souffrir et par qui le malheur arrive (« Gilda » avec Rita Hayworth). En 1960, Hubert de Givenchy reçoit le script de « Diamants sur canapé » :

 

« La portière du taxi s’ouvre et une fille en descend. Elle est vêtue d’une robe de soirée décolletée dans le dos et porte, en plus de son sac à main, un sac en papier brun. »

 

La scène avait lieu au petit matin. Et Audrey était l’archétype de la fille saine et gentille : porter du noir, à New-York, alors que Holly est une fille toute simple du Texas qui ne connaît rien à la mode parisienne et n’a pas d’argent ! C’était du jamais vu. Grâce à cette scène de « Diamants sur canapé », le glamour devint accessible aux femmes de milieu modeste : n’importe qui pouvait devenir chic grâce à la petite robe noire. Pendant que Doris Day s’amusait avec des motifs floraux sur fonds de bleu et de rose, Audrey Hepburn osa la robe noire qui symbolisait le pouvoir et l’expérience sexuelle. Sur elle, cette couleur devint sophistiquée et glamour. Des millions de femmes allaient se rendre compte qu’elles pouvaient s’approprier ce qui jusque là était réservé aux femmes très riches s’habillant chez les grands couturiers français. De par sa simplicité, la petite robe noire, facile à coudre à la maison, allait entrer dans tous les foyers.

 

 

 

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