Le clubbing gay naît en Europe dans les années 1920, avec le Magic City à Paris, et le quartier de Schöneberg à Berlin. Enfin, les gays peuvent se rassembler pour autre chose que de la drague interdite, mais pour s’amuser et danser.
Les émeutes de Stonewall en 1969 à New York lancent le grand mouvement de libération gay, et l’année suivante voit la naissance des gay prides où les LGBT marchent par milliers, drapeaux à la main, pour l’égalité des droits.
Dans les années 70, le clubbing gay voit émerger sa musique hédoniste et folle, la Disco, et pour la première fois, les clubs gay deviennent des lieux de mixité sociale, comme au Loft et au Paradise Garage, à New York.
Le Palace et le Studio 54 deviennent mythiques, autant pour le chaos de la queue à l’extérieur que pour la fête sans limite à l’intérieur. On y transpire beaucoup et les drogues n’y sont pas pour rien.
La Disco s’affirme comme un genre musical majeur, Donna Summer en est la reine, mais le backclash survient avec la campagne « Disco Sucks », mouvement homophobe déguisé qui brûle par milliers les vinyles de Disco dans des stades géants.
La Disco se réinvente alors avec la House de Frankie Knuckles, dans son temple, The Warehouse, boîte gay de Chicago d’abord fréquentée par les blacks et les latinos. C’est la période des hymnes utopistes comme le prophétique « Promised Land » de Joe Smooth.
A Londres, dans les années 80, pour échapper à l’hécatombe du sida, les gays se réfugient dans un clubbing de carnaval où le déguisement outrancier est de rigueur, avec les soirées « Taboo » puis « Kinki Gerlinky », et aujourd’hui « Sink The Pink ». Aux Etats-Unis, on mélange le déguisement et la danse, et ça donne le « Vogueing ». Les gays latinos et blacks de New York s’exhibent dans des chorégraphies hyper codées, spectaculaires, jambe en l’air, où la performance compte autant que les marques de respect du public. Oui, enfin, se faire respecter…
Dans les années 90, c’est l’explosion des super clubs gays commerciaux, le Queen sur les Champs-Elysées, le Heaven à Londres ou le Tunnel à New York. Des sanctuaires avec leurs rituels, comme quand le Dj Junior Vasquez braque le projecteur sur le meilleur danseur de la piste, lui conférant un statut de légende pour la communauté.
Heureusement, il reste des poches underground à Berlin ou à Paris, avec les filles du « Pulp » de 1997 à 2007, dont l’énergie n’est toujours pas dissipée. Et puis il y a l’exubérance des « Circuit Parties » géantes, à Miami, Miconos, Barcelone et Ibiza, avec apologie aliénante des corps parfaits.
Aujourd’hui, on se retrouve à la « Flash Cocotte », à la « Horse Meat Disco », au « Smart Bar » et au « Laboratory », ces bulles où on vient se sentir protégé, libre, exister sans discrimination, tout ce qui fait que le clubbing gay est… Sexy Demain !