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Footit et Chocolat étaient les clowns vedette des cirques de Paris en 1900.

L’un était blanc, Georges Foottit (orthographié souvent Footit) ; l’autre, noir, fut surnommé… Chocolat. Certes, l’époque était coloniale, avec des zoos humains, des bals Nègres et des clowns Chocolat. Mais l’histoire va bien au delà de ce constat…

Issu d’une famille africaine réduite en esclavage et déportée à Cuba, Chocolat semble s’être appelé de son vrai nom Rafael Padilla. Né vers 1868, il est rapidement devenu orphelin, et à l’âge de 8 ou 10 ans, il est vendu comme garçon de ferme à un riche marchand qui possède un comptoir à Bilbao, et qui l’emmène en Espagne. Après s’être enfui vers l’âge de 14 ans, il traine sur les quais où il danse dans les cafés. Il est repéré en 1884 par un célèbre clown, Tony Rice, qui le prend à son service. Rafael Padilla est tour à tour domestique, homme à tout faire, avant de devenir le partenaire de Rice. C’est à cette époque qu’il prend le nom de « Chocolat ». Arrivé à Paris vers 1885, il fait ses débuts au Nouveau Cirque, Rue Saint-Honoré, toujours avec Tony Rice. Il est ensuite le partenaire de Jérôme Médrano, puis d’un autre clown, George Foottit, dit « Footit ».

Footit et Chocolat connaissent un grand succès en imposant un duo comique entre un clown blanc autoritaire et un auguste noir souffre-douleur. L’expression « je suis chocolat », signifiant « je suis berné », a été popularisée par les dialogues de leur numéro. Ils resteront partenaires pendant une vingtaine d’années. Dès 1887, Chocolat se vit donner le rôle titre d’une pantomime comique à grand succès, « La Noce de Chocolat », construite autour de son personnage d’auguste, et dans laquelle toute la noce finissait dans l’eau… Henri de Toulouse-Lautrec l’a immortalisé en 1896 et c’est d’abord par cette illustration que l’on connaît Chocolat. Saisi de trois quarts dos, casquette vissée sur le crâne, une main à la taille, un bras relevé en corolle, on y voit Chocolat dansant au Irish American Bar.

« Footit enchantait les enfants ; mais il réussissait ce tour de force de plaire aussi aux grandes personnes et de leur restituer leur enfance. L’enfance se trouve de plain-pied avec cette excitation nerveuse des clowns lorsqu’ils apprennent une farce nouvelle et décident de l’essayer sur un camarade, avec le ton de gronderie de l’écuyer-chef, les refus de travailler, les désobéissances et les fautes de syntaxe. Chocolat, nègre stupide en culotte de soie noire collante et frac rouge, servait de prétexte aux brimades et taloches. Par ses gros mollets nus, ses culottes à pompons, ses cols empesés, sa mèche d’étoupe blonde, son maquillage cruel, la grimace de ses lèvres sanglantes, son chapeau pointu d’où les claques faisaient sortir un nuage de farine, ses corselets de paillettes, sa voix de duchesse folle, bref par un mélange de bébé, de nurse et de grande dame anglaise (sa coiffure tenait de Sarah Bernhardt et de la Reine Alexandra), Footit apportait sur la piste une atmosphère de nursery du diable, où les enfants retrouvaient leurs malices sournoises et dont les grandes personnes subissaient la grandeur. » (Jean Cocteau, Portraits-Souvenirs 1900-1914, Paris, 1935).

Plusieurs films de Louis Lumière immortalisent leurs numéros au Nouveau Cirque, Rue Saint-Honoré, le 30 septembre 1900. Footit et Chocolat ont aussi prêté leurs noms et leurs visages à de nombreuses publicités, notamment celle pour le savon La Hêve, vers 1895. En 1905, leur contrat au Nouveau Cirque n’est pas renouvelé. Ils sont ensuite engagés aux Folies Bergère, jusqu’à leur séparation en 1910.

Chacun poursuit désormais sa carrière en solo, mais le succès n’est plus vraiment au rendez-vous. Chocolat s’essaye à une carrière d’acteur, puis revient au cirque comme clown avec son fils adoptif Eugène Grimaldi (1891-1934) dans « Tablette et Chocolat » en 1912. Eugène obtiendra quant à lui une certaine renommée comme clown blanc dans les années 1920 et jouera même les succès de son père en duo avec le fils de George Foottit en 1921.

Chocolat sombre dans l’alcoolisme et finit sa vie dans la misère à 49 ans, en 1917, alors qu’il travaille dans la troupe du cirque Rancy de Bordeaux. Il sera inhumé dans la partie du cimetière protestant de Bordeaux réservée aux indigents, carré M, rangée 7, emplacement 2.

Footit, quant à lui, lança son propre cirque, puis tint un bar, 6 Rue Montaigne à Paris. Alcoolique également, il meurt à son domicile, Rue Montaigne, le 29 août 1921 à l’âge de 57 ans. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise, division 93.

Un film sur la vie de Chocolat est sorti le 3 février, avec Omar Sy dans le rôle du clown.

 

Source : Circopedia et Dominique Jando

 

 

 

 

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