Le Musée du Luxembourg, à Paris, rend hommage au représentant de l’Art Nouveau, Alphonse Mucha. Artiste tchèque de renommée internationale, il reste indissociable de l’image du Paris 1900 et s’est fait connaître en signant les affiches des pièces d’une certaine Sarah Bernhardt.
Les affiches de l’artiste tchèque Mucha sont indissociables du Paris des années 1900. Un style emblématique de l’Art Nouveau qui est aujourd’hui mis à l’honneur au Musée du Luxembourg. On y découvre aussi bien les peintures que les sculptures, les décors et les objets nés de l’imagination d’une personnalité foisonnante et toujours restée très attachée à son pays natal.
Des façades des immeubles à la sortie des métros parisiens, sur vos boîtes de biscuits à l’ancienne, le saviez-vous, l’Art Nouveau, vous le croisez partout. Dans les années 1880, ce mouvement artistique révolutionnaire casse les codes. Tandis que le monde s’industrialise, l’art s’inspire plus que jamais de la nature, ses couleurs et ses formes. A la tête de ce courant nouveau, un jeune Tchèque, Alphonse Mucha.
« Mucha réussit à incarner l’esprit d’une époque et l’atmosphère de la ville qu’était Paris. »
Alphonse Mucha est né en 1860 en Moravie. Âgé de 27 ans, l’illustrateur débarque à Paris en 1887 et y vit une existence de bohème jusqu’à ce soir de 1894 où son imprimeur lui commande en urgence une affiche pour « Gis-Monda », la nouvelle pièce de la grande Sarah Bernhardt.
« Evidemment, quand Mucha présente son projet à l’imprimeur, celui-ci est un peu effrayé car ce qu’il a sous les yeux est totalement nouveau, mais il n’a pas le temps de consulter d’autres artistes et n’a de toute façon personne d’autre sous la main. Il décide donc de montrer le projet d’affiche à Sarah Bernhardt qui, quant à elle, trouve ça formidable. » (Alain Weill, auteur de « L’affiche au temps de l’Art Nouveau » paru aux Editions Hazan)
« Ça reste un mystère de savoir comment, pour un illustrateur qui ne travaillait habituellement que sur des oeuvres de petite dimension, Mucha est parvenu à créer une affiche de deux mètres de haut. Mais toujours est-il qu’il est devenu célèbre en l’espace d’une nuit… » (Tomoko Sato, commissaire de l’exposition)
Sarah et Mucha, c’est donc le duo gagnant. Pendant six ans, Mucha réalisera ainsi toutes ses affiches, mais aussi ses décors et ses costumes. Sarah Bernhardt comprend vite qu’elle tient là une pépite et qu’il n’est pas question de la laisser s’échapper… Quant à Mucha, il est non seulement aux anges, mais de surcroît, le fait de pouvoir travailler pour la superstar du moment est pour lui un aboutissement dont il n’aurait pu raisonnablement rêver quelques années plus tôt.
Face aux immenses Toulouse-Lautrec ou Jules Chéret, le style Mucha parvient néanmoins à se faire une place dans ce Paris des années 1900 et a tellement la cote que les gens s’arrachent littéralement ses affiches placardées dans les rues de la ville.
« Il est impossible de ne pas reconnaître et identifier immédiatement une affiche de Mucha… C’est presque toujours la même formule. On retrouve un sujet seul, en général une très belle femme entourée d’images symboliques, comme des fleurs, des motifs inspirés de la nature, et cette figure féminine mène le regard du spectateur vers d’autres aspects tout autant symboliques. »
Fidèle à l’esprit de l’Art Nouveau, Alphonse Mucha fait entrer l’art dans les objets du quotidien, au moment où la publicité et le marketing prennent leur essor. On lui commande des oeuvres pour des boîtes de biscuits, du papier à cigarette, du parfum ou même du champagne.
« Les panneaux décoratifs commandés par l’imprimeur-lithographe Ferdinand Champenois permettaient à des gens qui ne disposaient pas d’un gros budget de pouvoir décorer leurs murs avec des oeuvres d’art de qualité, et ce à moindre coût. Au début, Mucha était ravi de pouvoir réaliser ces panneaux, jusqu’à ce qu’il se trouve rapidement débordé par la demande. »
En 1900, Mucha se voit confier la décoration du pavillon de Bosnie-Herzégovine pour l’Exposition Universelle de Paris. Cette expérience le ramène à ses premières amours, la peinture historique, dont il rêvait déjà lorsqu’il étudiait en école d’art. De retour à Prague en 1910, il passe plus de quinze ans sur son grand projet, « L’épopée slave », série de vingt toiles monumentales qui retrace les épisodes marquants de l’histoire des peuples slaves.
« Pour lui, la chose la plus importante en tant qu’artiste était la communication. Comment faire passer sa pensée politique ou philosophique à travers ses oeuvres. C’est en cela que son expérience de créateur d’affiches publicitaires lui a été fort utile. »
De retour dans son pays, Mucha passe donc du statut de star internationale à celui de héros national. Il devenait l’artiste officiel et le grand artiste tchèque. Il réalisa ainsi des billets de banque, des timbres, il décora l’hôtel de ville de Prague. Pourtant, il ne parvint jamais à imposer sa peinture ailleurs en Europe. En ce début du 20ème siècle, l’heure est plutôt au Cubisme et aux autres mouvements d’avant-garde.
Mais ce n’est qu’à partir de 1960 qu’un nouveau boum « Mucha » retentit. En effet, à cette époque, l’identité visuelle de Mucha s’accorde bien avec la musique pop, le rock, la musique psychédélique ou la culture underground. Certaines affiches de Mucha deviennent des emblèmes et seront beaucoup utilisées dans différents contextes.
Et c’est ainsi que l’ADN de Mucha continue de vivre aujourd’hui…
Et à ne surtout pas rater, le samedi 06 octobre 2018, c’est la « Nuit Blanche Mucha » au Musée du Luxembourg ! Les dessinateurs du collectif « Soirées Dessinées » réalisent sous vos yeux de grandes fresques inspirées par les œuvres d’Alphonse Mucha, accompagnés de musique et d’interventions dansées originales composées autour de Mucha.