Belgique, 1918. Une zone de front pendant la guerre entre les lignes allemandes et les positions anglaises. Une colline, The Bluff, vaillamment défendue face à l’ennemi. Et des combats, forcément sanglants et meurtriers. Un No Man’s Land entre deux zones arborées, troué par les explosions de mines et les tunnels. Jonché de cadavres de soldats.
En souvenir de ces hommes ayant combattu sur ces terres durant la première guerre mondiale, s’est montée une impressionnante exposition de LandArt, « Coming World Remember Me », imaginée par Jan Moeyaert, un concepteur de projets artistiques. 600.000 statuettes en argile représentant chacune une vie. C’est le lourd tribu payé par la Belgique pendant ces années sombres. Il aura fallu neuf années pour que le projet se concrétise.
D’abord, élaborer une liste de noms. Puis trouver autant de volontaires qui, en finançant chacun une statuette, deviendront le grand-père ou la grand-mère d’un de ces soldats, créant ainsi un lien vivant d’affection à travers le temps. Enfin, mobiliser des milliers de volontaires, 170.000 au total, de toutes nationalités (Belges, Français, Australiens, Anglais, Canadiens…) pour réaliser, dans des ateliers, ces 600.000 figurines en terre cuite, installées ensuite une par une sur le sol par 4.000 volontaires. Une marée humaine recouvrant un ancien no man’s land. La vie là où il n’y avait que mort et souffrance…
De la plateforme des visiteurs, on peut prendre la mesure de cet immense champ désertique entre deux lignes de forêt. Les centaines de milliers de statuettes permettent de visualiser avec effroi l’ampleur du carnage humain. De cette nature aujourd’hui paisible remontent les cris des soldats blessés et agonisants. Seul un silence respectueux s’impose alors…
L’artiste Koen Vanmechelen souhaite par cette oeuvre souligner le besoin de commémoration, la nécessité de se souvenir d’où l’on vient pour mieux savoir où l’on va. Se rappeler son passé avant d’envisager un avenir. Une évidence et un outil de Paix pour les générations futures, parfois peu enclines à lire l’histoire. Plus connu pour son approche à la fois artistique et scientifique de la poule, et en particulier pour son projet « The Cosmopolitan Chicken » qui reçut le prix « Ars Electronica » en 2013, d’où la sculpture d’oeuf géant au centre du terrain, l’artiste de 52 ans est l’un des artistes d’art contemporain les plus prolifiques et les plus en vue en Belgique.
Exposition du 30 mars au 11 novembre 2018