Le Palmarès du 43ème Festival de la BD d’Angoulême (28 au 31 janvier) a été annoncé samedi 30 janvier 2016. 40 Albums étaient en compétition, 10 ont reçu un prix dont un seul dessiné par une femme. Le jury composé de sept membres était présidé par Antonin Baudry, ancien diplomate, scénariste de « Quai d’Orsay » sous le pseudonyme d’Abel Lanzac.
Le prix du meilleur album, le Fauve d’Or, a été décerné à l’auteur américain de 58 ans, Richard McGuire, pour son roman graphique « Ici » publié aux Editions Gallimard, succédant ainsi à Riad Satouff, vainqueur l’an dernier avec son album « L’arabe du futur » publié chez Allary. Collaborateur régulier du New Yorker et du journal Le Monde, McGuire s’est installé en résidence à Angoulême, à la Maison des Auteurs.
L’album raconte avec toujours le même angle de vue, l’histoire d’un même lieu et des personnes qui y ont vécu, de la Préhistoire à nos jours. L’idée est extrêmement séduisante et originale. Il est troublant de voir toutes ces personnes vivre et avoir des émotions, 300 pages durant, dans ce lieu unique et délimité, avant de tomber dans l’oubli du temps. L’ouvrage a été qualifié d’ « OVNI » graphique par de nombreux critiques parce qu’il pulvérise les codes classiques de la BD. Le lecteur traverse des millions d’années sans jamais bouger de sa chaise et en regardant toujours au même endroit, l’angle d’un salon, celui de la maison dans laquelle l’auteur a grandi et vécu, à Perth Amboy dans le New Jersey, avec pour seuls repères fixes une fenêtre et une cheminée.
Peut-être un jour s’est-il demandé qui avait bien pu vivre « Ici », à cet endroit précis où il habitait lui-même, où il a vécu des émotions, des sentiments, des moments forts et importants de sa vie. Qui d’autre avait bien pu vivre ces émotions « Ici » aussi, à cette place exacte, des gens vivants puis morts et perdus dans la spirale infinie du passé. Richard McGuire a imaginé ce processus narratif en se basant sur un écran d’ordinateur sur lequel il est possible d’ouvrir plusieurs fenêtres. Toutes ces vies se superposent, s’entrelacent sur une même page, dans des cases datées qui se côtoient comme les destins de toutes ces personnes qui ont vécu au même endroit en des temps différents et sont à jamais liées par ce lieu unique.
Le prix spécial du Jury est revenu à « Carnet de santé foireuse » de Pozla chez Delcourt qui raconte sa lutte contre la maladie de Crohn et ses heures passées à l’hôpital pour se soigner.
Le prix révélation a été remporté par l’Italien Pietro Scarnera pour « Une étoile tranquille ».
Le prix du patrimoine a été attribué à E.O. Plauen et Erich Ohser pour « Vater und Sohn » aux éditions Warum, le prix du public à « Cher pays de notre enfance » d’Etienne Davodeau et Benoît Collombat, le prix du polar au Brésilien Marcello Quintanilha pour « Tungstène », et le prix de la BD alternative à la revue graphique « Laurence 666 ».